Ce matin, le soleil se levait timidement sur Montrichard, comme un vieil homme sortant de sa chaumière. De beaux nuages pointaient déjà leur silhouette gracile dans le lointain, promesse d’une journée où les équilibres précaires d’un printemps timide allaient mesurer leur force. J’ai pris cela comme un signe invitant à passer quelques instants au cœur de mon jardin.

Je commençais avec le liseron, cet envahisseur gracieux mais tenace qui embrasse follement mes carrés potagers. Armé de ma détermination, je plongeai dans une lutte acharnée, arrachant ces lierres du sol, les libérant de leur étreinte sur mes carottes et mes pommes de terre. « Va-t’en, galant flâneur, laisse mes légumes prospérer! », leur murmurai-je courtoisement.

Puis ce fut le tour de la serre, ce palais de « verre » abritant mes trésors les plus délicats. Ceux-ci, malheureusement, étaient pris d’assaut par une armée d’escargots. Une dizaine d’entre eux, seuls contre tous, formaient un escadron de lenteur, grignotant ce qu’ils trouvaient sous leurs antennes avec une insolence que seule la lenteur peut conférer. Je les pris délicatement un à un, leur expliquant qu’au-dehors, le festin était bien plus grand. « Allez mes braves, il y a d’autres feuilles à conquérir! » Et je les relâchai près du bosquet, loin de mes protégés.

En parlant de conquête, je ne saurais passer sous silence la rébellion écarlate qui prend forme dans mon champ. Les coquelicots, ces fiers guerriers rouges, ont éclaté en floraison, des éclats rouges dansant fièrement au gré du vent. Je les ai salués, ces chevaliers de beauté pure, brandissant leur couleur avec une bravoure sans pareille.

Enfin, honorant la tradition des grands pionniers, j’ai planté un abricotier. Je lui ai choisi un coin de terre comme on choisit une demeure pour un noble ami. Enfouissant ses racines, je murmurai des paroles d’encouragement, souhaitant ardemment voir ses branches s’élever vers le ciel, traverser les saisons, et un jour, offrir ses doux fruits dorés à la lumière de l’été.

Ainsi s’achève ma journée, entre lutte, diplomatie, admiration et établissement, sous le céleste regard bienveillant du soleil et des nuages.

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Francis